Avec le départ d'Éric Di Meco pour le groupe Altice (SFR Sport-RMC-BFM Sport), Bruno Cheyrou devient le consultant-commentateur vedette de beIN Sports. En compagnie de Christophe Josse, l'ancien milieu de terrain commentera les matches phares de l'Euro 2016 sur la chaîne de sports. Entretien.
Foot Sur 7 - Bruno Cheyrou, comment avez-vous appris et réagi à cette « promotion » ?
Bruno Cheyrou - Je l'ai appris par la direction de la chaîne. J'ai également eu un échange avec Christophe Josse. Nous avons eu une discussion concernant notre collaboration. Évidemment, j'étais ravi et honoré. Mais ce n'est pas non plus comme si j'étais devenu champion du monde.
Vous allez notamment commenter certains matches de l'équipe de France lors de l'Euro. Cela vous met-il une pression particulière ?
Bruno Cheyrou - Pas forcément. Il faudra que je demeure objectif dans mes commentaires, même si je serai évidemment supporter des Bleus durant cette compétition, qui se déroule dans notre pays. Il faudra toujours que je fasse mon travail du mieux possible. En tant que commentateur, il convient de faire passer de l'émotion, tout en conservant un peu de modération. Je serai commentateur des matches des Bleus, pas spectateur. Il ne faut donc pas s'attendre à du chauvinisme extrême de ma part.
De quelle manière préparez-vous cet Euro ?
Bruno Cheyrou - 80% de mon travail actuel consiste à regarder les matches de préparation des différentes équipes. Récemment, j'ai observé l'Albanie, l'Angleterre, la Roumanie, la Suisse... C'est comme cela qu'on apprend le mieux. Concernant les équipes que je connais le moins, je m'aide avec le net ou la presse papier. Je me renseigne sur les différents joueurs qui sont sélectionnés, ceux qui sont blessés... Pour les équipes que je connais le mieux, je n'ai pas besoin de fiches : tout est dans la tête !
Pour que l'Euro des Bleus soit considéré comme réussi, quel stade de la compétition doivent atteindre les hommes de Didier Deschamps ?
BC - Je dirai les demi-finales. C'est une compétition où les Bleus vont jouer à domicile. Avec l'effectif que possède Didier Deschamps, atteindre le dernier carré me paraît raisonnable comme objectif. Après, sur un match face à une nation comme l'Allemagne, tout est possible. La France a même des raisons d'espérer pouvoir gagner cet Euro !
Qu'avez-vous pensé des récents propos tenus par Éric Cantona concernant la non-sélection de Karim Benzema et Hatem Ben Arfa ?
BC - Honnêtement, pas grand-chose. J'ai vraiment du mal à penser qu'un sélectionneur puisse se priver de joueurs pour des motifs aussi graves que ceux avancés par Éric Cantona. Je ne connais pas un seul coach qui n'a pas envie de gagner.
Deux semaines après la fin de la saison de Ligue 1, que retiendrez-vous principalement de l'exercice 2015-2016 du Championnat de France ?
BC - La large domination du PSG était assez prévisible. Je retiendrai donc principalement la lutte pour la deuxième place et celle pour le maintien. Surtout les remontées de Toulouse en bas du classement et Lyon en haut. Les joueurs rhodaniens ont vraiment fini très fort dans leur nouveau stade ! Pour un club qui n'a plus autant de stars que par le passé, l'OL affiche une progression intéressante. Bien que le président Aulas soit souvent critiqué, on peut lui tirer un grand coup de chapeau.
La saison aura également été marquée par les difficultés incessantes de l'OM. Croyez-vous en l'arrivée d'un investisseur aussi puissant que celui du PSG pour reprendre le club phocéen ?
« Entraîneur est un métier de fou »
BC - Je n'en sais strictement rien... Mais ce qui est arrivé à l'OM était assez prévisible. À partir du moment où Marcelo Bielsa a démissionné de son poste d'entraîneur après la première journée de championnat, il ne fallait pas s'attendre à des miracles. D'autant plus que le projet de l'OM, contrairement à celui de Lyon, n'est pas très « lisible ». On peut malheureusement se faire du souci pour Marseille. Sauf si un investisseur très fortuné reprend le club. Mais pour l'instant, ce n'est pas le cas...
La saison prochaine, un club pourrait-il inquiéter le PSG dans la course au titre en Ligue 1 ?
BC - Peut-être Lyon et/ou Monaco. Le club du Rocher possède un actionnaire important, qui est capable de recruter de très bons joueurs. En 2013, lorsque les dirigeants monégasques s'étaient attaché les services de Radamel Falcao et James Rodriguez, ils étaient bien partis pour concurrencer le PSG. Puis, ils ont changé de cap pour se concentrer sur la spéculation financière. Quoi qu'il en soit, il existe un véritable projet à Monaco. En faisant quelques retouches à l'effectif de l'ASM, et si la mayonnaise prend, cela pourrait être très intéressant. Pour la saison prochaine de Ligue 1, nous espérons tous avoir plus de suspense que lors de l'exercice qui vient de se clore. Il faut vraiment l'espérer pour les téléspectateurs. Après, le PSG travaille très bien. On ne peut pas lui reprocher son hégémonie sur la Ligue 1.
Laurent Blanc n'a toujours pas réussi à atteindre le dernier carré de la Ligue des Champions avec le PSG. Toutefois, il est maintenu à son poste d'entraîneur. Comment jugez-vous cette décision de la direction parisienne ?
BC - (Il coupe, Ndlr) Mais qui pourraient prendre les dirigeants parisiens pour remplacer Laurent Blanc ?
Ils pourraient tenter d'aller débaucher Diego Simeone, qui arrive peut-être à la fin d'un cycle avec l'Atlético Madrid...
BC - Admettons que Diego Simeone devienne le nouvel entraîneur du PSG. S'il produit le même jeu qu'à l'Atlético, il sera sifflé et viré au bout de deux mois. Personnellement, je ne comprends pas tout ce débat autour de Laurent Blanc. Il faut laisser au club le temps de se construire. Faut-il rappeler que Chelsea a dû patienter neuf ans après sa reprise par Roman Abramovitch (en 2003, Ndlr) pour remporter la Ligue des champions ? Je ne suis pas persuadé que le PSG deviendra meilleur avec un changement de coach. Certes, le schéma de jeu en 3-5-2 utilisé pour le quart de finale retour face à Manchester City pouvait paraître curieux. Mais on ne peut pas virer le coach à cause d'une mise en place tactique. Depuis son arrivée à Paris, son bilan est remarquable. Il n'a cessé de battre des records.
Quel serait le mercato idéal pour le PSG en vue de la saison prochaine ?
BC - Dans un premier temps, il faut combler les départs. Comme Gregory Van der Wiel n'a pas été prolongé, il va falloir que le club parisien se dote d'un latéral droit. Si Maxwell part, il faudra un nouveau latéral gauche. Ensuite vient le grand chantier sur le plan offensif. Tout d'abord pour trouver le successeur de Zlatan Ibrahimovic. Dans ce secteur de jeu, il faudrait des joueurs polyvalents, pouvant évoluer sur les ailes et dans l'axe. Si les dirigeants parviennent à s'attacher les services d'une méga-star, comme Neymar ou Cristiano Ronaldo, ce sera le top ! Mais ce n'est pas gagné...
Concernant Serge Aurier, peut-on imaginer qu'il puisse encore porter le maillot parisien après son nouveau dérapage ?
BC - C'est compliqué de répondre à cette question. On ne sait pas vraiment ce qu'il s'est passé, si ce n'est qu'il est allé en garde à vue. À l'heure actuelle, l'instruction est en cours. Il convient donc de rester très prudent avant d'émettre le moindre jugement au sujet de cette affaire.
Vous êtes consultant sportif depuis 2012. Avez-vous déjà envisagé une carrière d'entraîneur ?
Bruno Cheyrou - (Catégorique, Ndlr) Non ! Entraîneur, c'est un métier de fou. Si je devais travailler pour un club, ce serait dans un autre registre. À un poste de manager général ou de directeur sportif par exemple. Ce sont souvent les rencontres qui permettent ce genre d'évolutions de carrière.
Propos recueillis par : Arnaud Lapointe.