Lorsque le PSG a le droit au bus devant le but adverse en Ligue 1, l'AS Monaco peut profiter des espaces… Peut-on, dès lors, parler d’injustice pour le Paris Saint-Germain ?

Non, on ne peut pas parler d’injustice pour le PSG

Il est en effet clair que l’arsenal offensif du club asémiste inquiète chacun de ses adversaires. Mais depuis le début de la saison, les équipes qui ont subi les plus lourdes défaites contre Monaco sont celles qui ont tenté d’éviter le pire. En d’autres termes, celles qui sont restées devant leur but ont été écrasées. À l’image du SC Bastia en décembre dernier (défaite 5-0) ou de l’AS Nancy Lorraine en novembre (défaite 6-0).

Ce weekend Monaco affronte les Girondins de Bordeaux. Plutôt friable défensivement, les Bordelais risquent de souffrir s’ils jouent resserrés dans leur moitié de terrain. Le salut ne peut être trouvé que par le jeu et leur ligne d’attaque étoffée (Kamano, Ménez, Malcom, Rolan, Ounas). Mais si les Girondins restent regroupés derrière, ils risquent de connaître une nouvelle désillusion (défaite 4-0 le 10 décembre dernier). Donc si les adversaires de l’AS Monaco jouent de la sorte c’est tout simplement parce que c’est la meilleure manière d’inquiéter l’escouade de la Principauté.

D’autre part, si le club princier écrase ses adversaires, ce n’est pas forcément parce que l’adversaire joue trop défensif, mais parce que les Monégasques continuent d’attaquer. Contrairement au PSG, qui lorsqu’il mène au score a tendance à baisser le rythme (c’est moins vrai ces dernières semaines). Les joueurs de la Principauté quant à eux n’hésitent pas à dérouler. Surtout que le club du Rocher dispose de nombreux joueurs offensifs performants.

Ainsi, le danger peut venir de toute la ligne d’attaque. Paris en revanche mise beaucoup sur les performances d’El Matador Cavani pour marquer. Car Monaco n’a pas un meilleur groupe que celui du PSG, mais les Monégasques ont un effectif plus équilibré. Par exemple pendant longtemps, le meilleur buteur était un remplaçant, Guido Carillo. Car dans cet effectif chacun cherche à prouver, et pour un attaquant, prouver signifie marquer. L’une des raisons pour lesquelles, l’AS Monaco est aujourd’hui la meilleure attaque d’Europe.

Enfin, si Monaco affronte des équipes moins regroupées que le PSG, c’est parce que Monaco sait faire déjouer ses adversaires. En effet, avec le 4-4-2 proposé par Leonardo Jardim, les courses des ailiers et des latéraux ont pour but d’écarter le plus possible le bloc adverse. Permettant à l’AS Monaco de jouer des blocs défensifs moins resserrés.

Il faut savoir que Lemar et Bernardo Silva accompagnés de Sidibé et Mendy créent de nombreux décalages. À Paris, c’est moins le cas. Lucas a tendance à repiquer au centre, au même titre que Draxler, même s’ils cherchent plus le côté que son partenaire. Cependant, comme à Monaco les deux latéraux Parisiens montent beaucoup. Résultat : à Monaco, ils sont 4 à écarter le bloc adverse quand à Paris ils ne sont que 2 voire 3 à le faire. Pas toujours suffisante face aux blocs bas de Ligue 1.

Mais tout est une question de temps, Leonardo Jardim a trouvé la solution pour faire déjouer ce type d’équipe, ce qui n’est pas encore le cas de son homologue parisien Unai Emery. Le Basque tâtonne encore pour trouver la bonne formule face aux petits du Championnat de France.

Oui, on peut parler d'injustice pour le PSG... ou d'avantage pour Monaco

L'idée n'est pas de dire que le Paris Saint-Germain doit absolument être champion de France et que ce serait une injustice que le club de la capitale ne le soit pas. A travers les arguments suivants, l'idée est tout simplement de prouver que le PSG et l'AS Monaco ne font pas face à une même adversité cette saison en Ligue 1... en tout cas, pas au même type d'adversaire lorsque ces équipes rencontrent les deux premiers du championnat.

Cette thèse se résume à travers la déclaration de Guillaume Gillet dimanche soir. Certes l'AS Monaco impressionne davantage cette saison, mais c'est également dû au fait que le club de la principauté a davantage l'occasion de pouvoir s'exprimer. Comme l'a dit le joueur du FC Nantes : l'envie d'une passation de pouvoir semble prendre le dessus pour les adversaires du PSG. Autrement dit, les Parisiens sont l'équipe à abattre cette saison. Un statut auquel ne sont pas confronté les Monégasques, qui apportent un vent d'air frais en Ligue 1.

Partant de ce constat, les équipes de Ligue 1 abordent très souvent les rencontres face au PSG avec l'envie de ne pas perdre – ce qui les pousse à se replier d'entrée de jeu - tandis qu'elles ont l'impression de pouvoir faire tomber l'AS Monaco en jouant le coup à fond. Inconsciemment, les adversaires offrent ainsi aux hommes de Leonardo Jardim ainsi davantage d'espaces pour s'exprimer qu'aux troupes de Unai Emery.

Preuve en est avec les confrontations face au Toulouse FC. Lors des deux matchs contre Paris, le plan de Pascal Dupraz a été de verrouiller le jeu avec un bloc bas. La victoire au Stadium était ainsi plus le fait d'une faillite parisienne que d'une réelle stratégie toulousaine. Devant l'AS Monaco à l'aller, les Violets n'ont pas abordé la rencontre de la même façon. Rapidement menés au score, ces derniers sont allés arracher leur victoire en jouant l'offensive.

Mis à part ces stratégies défensives de l'adversaire, il faut également reconnaître que les Parisiens mettent énormément de temps à forcer le verrou adverse dans leur matchs face à des adversaires repliés... Lorsque les Monégasques ont l'occasion de profiter d'une faille adverse. Sur la valise de buts inscrits cette saison par l'ASM en championnat, on peut ainsi remarquer que plusieurs ouvertures du score l'ont été sur des contres-attaques. Le dernier exemple date de début février face au Montpellier HSC.

Si ces faits ne constituent pas une injustice contre le PSG, cela reste néanmoins un avantage pour l'AS Monaco. Et ce jeu en transition, un atout supplémentaire sur lequel le Paris Saint-Germain ne peut que trop rarement s'appuyer en Ligue 1. En attendant, les Parisiens doivent donc faire face à des équipes plus regroupées derrière en mode Coupe de France.

En cela, le PSG et l'AS Monaco ne disputent pas tout à fait les mêmes matchs chaque weekend. Ce qui oblige Paris à résoudre un problème... qui ne se pose même pas aux Monégasques. Ces derniers sont ainsi libérés plus rapidement dans leurs oppositions et peuvent, de fait, grâce à un effectif talentueux, dérouler à leur guise après leur premier but.

L'injustice n'est donc pas le fait que Monaco soit leader, ce qui est totalement mérité au regard de leur parcours jusqu'à présent, mais réside dans le fait que les adversaires offrent un scenario plus compliqué à Paris qu'à l'ASM.