Désigné « homme du match » France-Angleterre par l’UEFA, Samir Nasri est à créditer d’une frappe victorieuse qui a permis l’égalisation Française, peu de temps après l’ouverture du score de Lescott pour les Anglais. Ainsi, l’ancien Marseillais se sera montré décisif dans ce choc du groupe D, en ayant par ailleurs livré un match plein et assez satisfaisant.

Pourtant, au lendemain de la rencontre, bien peu sont ceux qui se concentrent sur la performance purement sportive de joueur de Manchester City, les commentaires préférant s’attarder sur la manière dont celui-ci a choisi de « célébrer » son but : se dirigeant vers les bancs de touche, le doigt sur la bouche, en proférant un « ferme ta g… !», que certains ont jugé bon de disséquer, d’interpréter, d’en chercher le destinataire, quitte à faire passer la performance sportive et le but de Nasri au second plan. C’est un choix, certes, mais fallait-il vraiment chercher à lire sur les lèvres d’un joueur revanchard, au risque de déclencher une polémique dont se serait bien passée l’équipe de France ? Selon L’Equipe et Le Parisien, les propos du joueur étaient destinés aux journalistes en général, et au quotidien L’Equipe en particulier ; Nasri n’aurait pas apprécié les différentes critiques à son égard.

Depuis Knysna, et la rupture entre les Bleus et leur public, médias compris, les joueurs de l’équipe de France se sont toujours employés à répondre sur le terrain. Jusqu’au match contre l’Angleterre, cette opération-séduction était parfaitement réussie, même si les critiques n’ont pas épargné ceux qui avaient déçu pendant la phase de préparation (Mexès, Evra, Nasri …). Visiblement touché par les critiques, Samir Nasri a donc eu le malheur de répondre par le geste et la parole, déclenchant les foudres de ceux-là même qui auront été la cause de cette réaction d’orgueil.

De son côté, Laurent Blanc se réjouissait de l’attitude de son joueur sur le terrain, même s’il se refusait, après le coup de sifflet final, à participer à la polémique naissante : « C'est entre lui et ses détracteurs, (…)C'est quelque chose de personnel, je n'ai pas à m'immiscer là-dessus (…). Il était content d'avoir marqué un but. Ce geste d'humeur, c'est à lui qu'il faut demander à qui il était adressé. » Le sélectionneur en profitait également pour rappeler qu’à son niveau, seule la réaction sportive comptait, persuadé que le déclic interviendrait tôt ou tard pour Samir Nasri : « Les entraîneurs veulent que les joueurs au fort potentiel le démontrent sur le terrain. On est derrière lui mais avec les joueurs de talent, il faut être plus patient et à un moment donné, ils vous donnent la bonne réponse. »

Ainsi, comme le sélectionneur, il faut espérer que l’état d’esprit et la soif de victoire des Bleus restent au beau fixe pour la suite de la compétition, et que leur orgueil, qu’il soit critiqué ou loué, qu’il soit justifié ou non, puisse les mener le plus loin possible dans cet Euro. Car à coup sûr, dans le cas d’un bel exploit dans cette compétition, les polémiques et les chamailleries seront bien vite oubliées, et remplacées par les éloges et les louanges à l’égard des vainqueurs.