Jacques-Henri Eyraud et André Villas-Boas sont en désaccord depuis la sortie médiatique de ce dernier sur le mercato de l’ OM et la nomination de Paul Aldridge. Le président et l’entraîneur de l’ Olympique de Marseille défendent chacun une position normale. Le tout serait de savoir laquelle devrait l’emporter en l’état actuel du club.

OM : Jacques-Henri Eyraud, un pragmatiste ?

L’ OM traverse des difficultés économiques depuis l’été dernier. Après les dépenses inconsidérées de l’époque Garcia, le club olympien a lancé une politique d’austérité économique. Raison pour laquelle les Marseillais n’ont pas pu recruter comme ils l’auraient voulu lors du mercato estival. Seuls trois joueurs ont été signés, à savoir Alvaro Gonzalez, Dario Benedetto et Valentin Rongier.

Cet hiver, c’est pire. L’ Olympique de Marseille ne peut même pas recruter. Sauf en cas de vente. Des ventes qui ne sont qu’au stade de rumeurs. Rien de rassurant à l’horizon alors que le marché va bientôt refermer ses portes.

Or, le club provençal aura une balance déficitaire de 60 millions d’euros en fin de saison. Un déficit qu’il faudra commencer à solder avant de pouvoir recruter. Frank McCourt ne veut, ou même ne peut, plus injecter de l’argent. La seconde solution, c’est la vente de joueurs.

Alors, Jacques-Henri Eyraud a nommé Paul Aldridge dans l’organigramme de l’ OM. La mission de ce spécialiste du marché anglais ? Vendre des joueurs marseillais en Premier League. Et dès cet hiver, si possible. Des ventes qui renfloueraient les caisses de la formation olympienne.

Un idéaliste sur le banc de l’écurie phocéenne ?

Il n’en fallait pas plus pour provoquer le courroux d'André Villas-Boas. Présent mercredi en conférence de presse, l’entraîneur marseillais a d’abord exprimé sa frustration de ne pas avoir été informé de la nomination de l’Anglais de 54 ans. Il a ensuite expliqué que l’ OM ne vendrait pas de joueurs pour avoir nommé un intermédiaire, mais en fonction de sa compétitivité sur la pelouse. Le technicien portugais a enfin réitéré son opposition à tous départs de joueurs cet hiver.

Pour André Villas-Boas, des départs cet hiver compromettraient la bonne dynamique de l’ Olympique de Marseille (2e de Ligue 1). Or, la qualification en Ligue des champions est largement possible. Pourquoi risquer de tout gâcher par des ventes de joueurs cet hiver, ou même en fin de saison ?

Projet financier ou projet sportif, quelle priorité pour l’ OM ?

Le Lusitanien se trouve dans une situation idéale pour s'opposer frontalement à son président. Il a remis l’ OM sur les rails en une demi-saison, malgré un effectif réduit. Il a ressuscité la passion des supporters et les a fait retourner au Vélodrome. La qualification en Ligue des champions n’est plus une utopie.

Alors, quand un coach avec de telles stats crie sa colère, il est plus facile de considérer ces stats que la pertinence de cette colère. Ce qui explique que de nombreux observateurs ont rapidement pris le parti d’André Villas-Boas.

Jacques-Henri Eyraud est alors perçu comme le fauteur de troubles dans un club qui tournait rond. Mais c’est oublier qu'accepter d’être président d’un club de foot, c’est montrer qu’on est avide de gloire. Jacques-Henri Eyraud voudrait également que l’ Olympique de Marseille ait les plus impressionnantes stats sous sa présidence.

Mais voilà, l’écurie phocéenne aura un déficit de 60 millions d’euros. Frank McCourt ne réinjectera pas de d’argent. En plus, l’Américain lui met la pression pour qu’il règle le déficit. Comment le dirigeant phocéen y parviendrait-il sans vendre de joueurs cet hiver ou en fin de saison ? André Villas-Boas et ses partisans seraient bien inspirés de répondre à cette question.

En somme, à y regarder de près, Jacques-Henri Eyraud fait preuve de pragmatisme. S’il parvient à renflouer les caisses du club, l’histoire oubliera très vite cela. Combien de supporters se souviennent-ils au quotidien que la plus grosse vente de l’écurie provençale s’est faite sous la présidence de Vincent Labrune (40 millions d’euros de Chelsea pour Michy Batshuayi) ?

A l’inverse, il n’est pas exclu qu’André Villas-Boas rêve désormais de gloire personnelle sous le couvert de la formation olympienne. Si son groupe sortait seulement de la phase de poule en Ligue des champions, ce serait considéré comme un haut fait d’armes pour une équipe longtemps absente à cette compétition. Et sur qui rejaillirait cette prétendue gloire ? Tout le monde se rappelle chaque jour que les Marseillais ont remporté la Ligue des champions sous Bernard Tapie.